374                         Les Spectacles de la Foire.
temens avec d'autant plus de raifon qu'il ne s'étoit pas fait fubftituer ; que fa femme, d'un caractère pétulant; indocile, entreprenant, ne connoiffant aucun frein, et fujette â fe livrer à la boiffon de toutes fortes de liqueurs, ce qui lui dérange le cerveau, vint ee matin fur les neuf heures environ l'attendre à fa porte fur le boulevart, et dès qu'il fortit, commença par fe répandre en propos, injures et menaces, prétendant que le plaignant avoit mal à propos diminué deux jours à fon mari fur le tribut qui lui revenoit, s'abandonna à une fureur extréme, ne voulut écouter aucune propofition, infulta le plai­gnant, lui fit une fcène fcandaleufe comme'fi elle avoit été prépofée'exprès, ramafla un gros éclat de pavé, lui lança avec force et l'auroit tué s'il n'avoit eu la dextérité de fe baiffer pour parer le coup ; que cependant cet éclat l'at­teignit à l'épaule gauche, lui fit une contufion confidérable dont il fut obligé de fe faire panfer, fe jeta fur lui, lui arracha fon chapeau, fa perruque et le jabot de fa chemife, et il eut toutes les peines du monde à fe dépêtrer de fés mains et de fés violences pour empêcher la fuite des voies de fait de cette femme qu'il ne maltraita pas parce que ladite femme, étant d'une force et d'un courage fupérieurs, n'auroit certainement fini fon attentat que par quel­que accident; qu'elle fe retira en jurant et en menaçant le plaignant de le perdre et de renverfer fa fortune et fon établiffement ; qu'en effet, il a tout lieu de craindre ces menaces parce que ladite femme Galban, nde avec une langue envenimée et ne connoiffant aucun principe de délicatcffe, peut femer dans l'efprit de fés penfionnaires la difcorde et la mauvaife humeur, e{ faire toutes fortes de tentatives de cabales et de manœuvres pour les engager à le quitter et par conféquent renverfer fon état et le mettre dans le cas de ne pou­voir faire honneur à fés engagemens. Or, comme il y a des témoins de cette fcène, que le plaignant a intérêt de fe garantir des menaces de cette femme, de mettre fous les yeux du magiftrat la vérité de fa caufe, de faire punir cette femme de fon attentat, il a été confeillé de nous rendre plainte.
Signé : Gourliez dit Gaudon ; Delaporte.
(Archives des Comm.r no I4<;2.)
X
L'an 1770, le dimanche 23 feptembre, neuf heures du foir, en l'hôtel et par-devant nous Louis Trudon, etc., eft comparu lieur Pierre Gourliez dit Gaudon, entrepreneur de fpectacles, demeurant à Paris, rue du-faubourg St-Honoré, paroiffe St-Euftache : Lequel nous rend plainte contre le fleur Schmidt, marchand fripier et prêteur fur gages, demeurant rue des Cinq-Dia-mans, paroiffe St-Jacques-de-la-Boucherie, et dit que ledit lieur Schmidt eft chargé de fa recette depuis environ quatre ans au fpectacle tenu par lui plai­gnant à la foire St-Ovide, fans avoir fini de rendre fés comptes de la recette par lui faite dans Ies différens bureaux de recette où il s'eft trouvé ; que ce-